La place des Martyrs (en néerlandais : Martelarenplein) est une place située au centre de Bruxelles, près de la rue Neuve. Construite entre 1774 et 1776 sur le site d'une ancienne blanchisserie, la place Saint-Michel d'alors marque l'introduction, par l'architecte Claude Fisco, du style néo-classique et de sa conception urbanistique dans la capitale des Pays-Bas autrichiens. En 1773 la ville de Bruxelles, qui avait fait l'acquisition du terrain d'une blanchisserie, chargea l'architecte Claude Fisco, contrôleur des travaux de la ville d'y aménager une nouvelle place, appelée Saint-Michel. Les travaux, qui impliquaient également le percement de plusieurs artères, durèrent de 1774 à 1776. L'odonyme choisi, Saint-Michel, protecteur de la ville, indique l'importance que cette dernière attachait à cette opération, qui était une première à Bruxelles, où elle marquait une rupture radicale, tant esthétique, typologique qu'urbanistique avec les pratiques traditionnelles. En 1776, le directeur du Théâtre de la Monnaie Ignaz Vitzthumb obtint l'autorisation d'y ériger un « théâtre portatif », petit édifice en planches, léger et démontable, sur lequel il donna des pièces en néerlandais. Déficitaire, l'opération se solda par la mise en vente du théâtre en mars 1777. En 1795, sous le régime français, la place fut temporairement débaptisée et reçut le nom de Place de la Blanchisserie. L'aménagement de la place fut modifié à plusieurs reprises. À l'origine, il s'agissait d'une place pavée «vide», comme on peut le voir sur des gravures de la fin du . En 1802, on y planta des tilleuls. En 1830, après qu'on y eut enterré les premières victimes des combats révolutionnaires, la construction du Monument aux Martyrs entraîna une altération radicale de l'endroit en supprimant la perspective de la rue Saint-Michel vers la rue du Persil. Selon Guillaume Des Marez, la statue est « de dimensions incontestablement trop grandes et nuit à la conception primitive de l'œuvre ».