Une république chrétienne est un système de gouvernement qui associe christianisme et républicanisme. Jean-Jacques Rousseau et John Locke considéraient tous deux l'idée comme une impossibilité, un oxymore, mais pour des raisons différentes. Dans sa Lettre sur la tolérance, Locke écrit que « sous l'Évangile, il n'y a rigoureusement point de république chrétienne. » Il veut dire par là que l'autorité politique ne peut trouver de fondement valide dans le christianisme. Rousseau, dans le Contrat social (livre , chapitre 8), déclare comme en écho : « je me trompe en disant une république chrétienne ; chacun de ces deux mots exclut l’autre. » Mais son argument, légèrement différent, est qu'il n'est pas possible de donner forme à une identité civique sur la base du christianisme, qu'il y a opposition entre l'universalisme chrétien et la construction d'une cohésion sociale. La thèse de Rousseau est que christianisme et républicanisme sont incompatibles parce qu'ils imposent à l'homme vertueux des exigences différentes. Le christianisme, selon lui, réclame la soumission à l'autorité imposée, la résignation et le souci premier de l'au-delà ; le républicanisme en revanche implique la participation, plutôt que la soumission, et de se préoccuper d'abord de l'ici-bas. Cette position ne fait pas l'unanimité et a été contestée du vivant de Rousseau, entre autres par son ami Antoine-Jacques Roustan dans sa réponse au Contrat social. La thèse de Rousseau trouve une base dans les écrits antérieurs de Nicolas Machiavel, en qui il voyait un « bon citoyen et honnête homme » et qui fut avec Montesquieu l'une des sources de sa philosophie républicaine. Dans ses Discorsi, Machiavel relève que la pratique du christianisme s'est écartée de ses idéaux fondateurs et que la corruption qui s'est ensuivie, combinée aux idéaux politiques séculiers, a conduit à quelque chose qui n'est ni de bonne religion, ni de bonne politique.