L'indétermination de la traduction est une thèse proposée par le philosophe analytique Willard Van Orman Quine. La formulation classique de cette thèse se trouve dans son livre de 1960 Le mot et la chose, qui réunit et affine une partie importante des travaux antérieurs de Quine sur les questions en dehors de la logique formelle et de la théorie des ensembles, pour lesquelles Quine était surtout connu. La théorie de l'indétermination de la traduction est développée plus avant dans Ontological Relativity and Other Essays (1968). Quine examine les méthodes dont dispose un linguiste qui tente de traduire une langue jusqu'alors inconnue. Au cours de son travail, le linguiste remarque qu'il y a toujours différentes façons de segmenter une phrase en mots, et différentes façons de répartir les fonctions entre les mots. Toute hypothèse de traduction ne peut être défendue que sur la base des données contextuelles dans lesquelles le mot ou la phrase est prononcé par le locuteur natif. Mais la même indétermination y apparaît : toute hypothèse peut être défendue si on adopte des hypothèses compensatoires suffisantes sur d'autres parties de la langue. Ainsi, deux linguistes travaillant simultanément peuvent élaborer des manuels de traduction qui sont également compatibles avec les données empiriques disponibles mais radicalement différents l'un de l'autre. Quine analyse l'exemple du mot "gavagai", prononcé par un locuteur natif lorsqu'il voit un lapin. Le linguiste pourrait faire ce qui semble naturel et le traduire par "lapin". Mais d'autres traductions seraient également compatibles avec les preuves dont il dispose : "nourriture", "allons chasser", "il y aura un orage ce soir" (les indigènes pourraient être superstitieux), "stade temporaire du lapin", "la lapinité", "partie non séparable du lapin", etc. (cette thèse est à son tour connue sous le nom d'"indétermination ou impénétrabilité de référence"). Certaines de ces hypothèses peuvent devenir plus improbables - c'est-à-dire plus difficiles à défendre - à la lumière des observations ultérieures.