Le philistinisme est un concept développé par le poète et critique culturel anglais Matthew Arnold dans son essai Culture et anarchie (Culture and Anarchy en version originale) puis repris par la politologue, journaliste et philosophe allemande Hannah Arendt, dans son recueil La Crise de la culture (ou Between Past and Future pour la version originale). Le terme est antérieur à sa redéfinition conceptuelle par Arnold et Arendt. Basiquement, un philistin se dit de quelqu'un qui est fermé aux arts, aux lettres, et aux inventions. Ce mot provient de l'allemand Philister et était autrefois employé comme expression par les étudiants allemands afin de désigner les individus étrangers à l'université (c'est-à-dire les bourgeois, la classe marchande). C'est aussi ce que les Grecs appelaient l' apeirokalia à savoir une forme de vulgarité, et un manque d'expérimentation, de connaissance des belles choses (qui ont la capacité d'émouvoir). Dans Culture and Anarchy, Matthew Arnold divise la société de l'Angleterre de son époque en trois classes : la classe aristocratique, la classe moyenne et la classe ouvrière. Il nomme les membres de la classe moyenne « philistins » et les caractérise par leur goût de l'argent et du confort matériel. Il écrit : « S'il n'y avait pas cet effet de purification exercé sur nos esprits par la culture, le monde entier, l'avenir comme le présent, appartiendrait inévitablement aux Philistins. Les personnes qui croient le plus que notre grandeur et notre bien-être sont prouvés par le fait que nous sommes très riches, et qui consacrent le plus leur vie et leurs pensées à devenir riches, sont ceux que nous appelons les Philistins. La culture dit : "Considérez donc ces gens, leur manière de vivre, leurs habitudes, leurs manières, le ton même de leur voix ; regardez-les attentivement ; observez la littérature qu'ils lisent, les choses qui leur procurent du plaisir, les mots qui sortent de leur bouche, les pensées qui font le mobilier de leur esprit ; est-ce qu'une quantité quelconque de richesse vaudrait la peine d'être possédée à la condition de devenir comme ces gens en la possédant ?".