Le boycott de Nestlé est une opération de boycott lancée le 7 juillet 1977 aux États-Unis contre la compagnie suisse Nestlé. Elle s'est propagée rapidement dans le pays, et s'est étendue à l'Europe au début des années 1980. Cette opération a été suscitée par les inquiétudes sur la promotion par la compagnie des substituts du lait maternel (formule pour nourrisson), en particulier dans les pays les moins avancés, où ils contribueraient selon les militants à la mort ou souffrances inutiles de nourrissons, principalement au sein des populations pauvres. Parmi les militants, le professeur Derek Jelliffe et sa femme Patrice, qui ont participé à la mise en place de l'Alliance mondiale pour l'action en matière d'allaitement maternel (WABA, World Alliance for Breastfeeding Action), ont tout particulièrement contribué à aider à la coordination du boycott et à lui fournir une plus grande visibilité à travers le monde. La première analyse de la stratégie marketing de Nestlé a été publiée dans le magazine New Internationalist en 1973 et dans le livre Le Tueur de bébé (titre original en anglais The Baby Killer), publié par l'organisation non gouvernementale anglaise War On Want en 1974. Nestlé poursuit alors en justice l'éditeur de la traduction allemande (Third World Action Group) pour écrit diffamatoire. Après un procès de deux ans, l'éditeur est condamné parce que Nestlé ne peut pas être tenu pour responsable des morts de nourrissons en droit pénal. Mais, puisque la défense n'a été condamnée qu'à une amende de 300 francs suisses, et que le juge Jürg Sollberger a fait remarquer que Nestlé devait modifier fondamentalement ses méthodes publicitaires, le magazine Time écrit que c'était une victoire morale de la défense. La promotion étendue mène au lancement du boycott à Minneapolis, par l'INFACT (Infant Formula Action Coalition) et le boycott se répand rapidement en Australie, au Canada, en Nouvelle-Zélande, et en Europe. En mai 1978, le Sénat des États-Unis tient une audience publique sur la promotion des substituts du lait maternel dans les pays en développement et invite à la création d'un code de commercialisation.
Martin Kussmann, Sofia Moco, Sebastiano Collino, Laeticia Da Silva