Reconversion d'une friche industrielle. L'exemple des Bosquets à Vevey (VD)

Le projet s'inscrit dans la problématique des friches industrielles urbaines dont les potentiels de développement stratégique sont encore, pour diverses raisons, trop rarement mis en valeur. Dans une optique de développement durable, la densification de ces quartiers sous-exploités concourt à limiter l'étalement urbain. Le trafic pendulaire en est alors réduit et le transfert modal de la route aux transports en commun encouragé. Du point de vue patrimonial, le quartier des Bosquets, situé au cœur du passé industriel veveysan, revêt une importance historique considérable. De plus, étant donné sa proximité avec la gare et les centres commerciaux, il jouit d'une situation idéale en vue d'un développement urbain et d'une densification intra-muros de la ville de Vevey. Partant de ces différentes constatations, nous avons pris le parti de reconvertir le site des Bosquets en un quartier d'habitations avec comme objectifs la mise en valeur du bâti existant, la création de nouveaux logements familiaux à faible empreinte écologique ainsi que l'aménagement d'espaces publics de qualité. Le site joue en outre le rôle d'interface de transports en offrant un P+R aux usagers du rail tout en limitant les nuisances dues aux véhicules à l'intérieur même du secteur des Bosquets.

"Dig the way you move"

Erblin Jasiqi

Les plages albanaises comptent parmi les plus durement touchées par l’érosion côtière en mer Adriatique. Ce phénomène, qui se produit naturellement, est ici accéléré par des courants marins et des vents toujours plus puissants ainsi que par un urbanisme sauvage et hors de contrôle des autorités. À Seman, dans la préfecture de Fier, se dresse un château d’eau qui autrefois alimentait en eau potable un petit village aujourd’hui englouti dans la mer. Initialement érigé sur la terre ferme, cet artefact d’une ère passée se tient à l’heure actuelle au milieu de l’eau, témoignant ainsi d’un paysage qui a subi une transformation aussi rapide que radicale. Ici, comme ailleurs le long du littoral albanais, la limite de côte a reculé de plus d’une centaine de mètres en l’espace d’une trentaine d’années seulement. Le projet, plutôt que de tenter en vain de contenir le recul du littoral, propose au contraire de l’accepter et de travailler avec cette ligne côtière en mouvement. Le dispositif cruciforme délimite deux aires de baignade, puis quatre lorsque la côte aura reculé. Comme le château d’eau, il sert également de marqueur de ce retrait. La structure permet à la fois d’absorber les changements à venir sur les prochaines décennies, mais aussi d’instaurer une temporalité saisonnière en accueillant, en alternance, les baigneur·euses en période estivale puis les pêcheur·euses le restant de l’année. Enfin, en se maintenant à une certaine distance du château d’eau, le projet invite à considérer celui-ci comme un monument d’une époque révolue, au même titre que les ruines des bunkers de l’ère communiste qui avaient fait l’objet d’une recherche dans le cadre de l’énoncé théorique.

2023

Construire et déconstruire le futur quartier du PAV à Genève

Michael Göhring

La zone industrielle Praille Acacias Vernets (PAV), autrefois moteur économique du canton de Genève, va disparaître pour faire place à un nouveau quartier aux aspirations durables et écologiques. Il est temps de démolir ce patrimoine industriel et de déplier une nouvelle feuille blanche. Du moins, ce serait la solution de facilité. Plutôt que de démolir sans scrupules, le projet s’intéresse à ce patrimoine bâti industriel et à ce qu’il a encore à offrir. Le réemploi devient son moteur : structures en acier, revêtements métalliques, fenêtres en tous genres, portes, escaliers… le bâti industriel se transforme en immense brocante pour l’architecte-chineur. Le site du projet prolonge la démarche du réemploi en prenant place à l’intérieur d’une ancienne usine de tabac, profitant des qualités spatiales évidentes de ce type de construction pour l’ouvrir à divers programmes publics. Deux interventions supplémentaires viennent compléter le projet par des logements : une tour, réalisée à partir d’éléments préexistants, marque l’entrée du futur quartier des Acacias, tout en affichant fièrement son caractère réemployé et les qualités durables et écologiques qui en découlent. Une barre, de plus petit gabarit, réalisée également à partir d’éléments en remploi, vient compléter l’ensemble pour former un îlot moderne, non pas issu de la promotion immobilière, mais du patrimoine bâti du site.

2022