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En 1961, le parking de Montbenon remplace les cultures maraîchères de Lausanne qui sont délocalisées en périphérie de la ville. Cet aménagement brutal transforme l’esplanade de Montbenon en un vaste belvédère. « Bolo’vedere », dans la ligne directe des mouvements contestataires et utopiques suisses des années 80, revendique un mode radical d’habiter dans la ville. L’automobile, symbole d’espoir et de rêve de la modernité, est balayée par l’urgence des préoccupations environnementales actuelles. La structure préexistante du parking, ruine d’une ère passée, devient la ressource matérielle première du projet. Ses spécificités génèrent des typologies d’habitation et des utilisations inédites. Critique des rapports sociaux de la ville d’aujourd’hui, la communauté s’adonne à la pratique de « plantages »; véritable agora agricole. La végétation et les cultures retrouvent leur place originelle et insèrent le projet dans une logique d’autonomie et d’autosuffisance. Les ressources primaires que l’ère industrielle avait progressivement séparées, puis que l’urbanisme moderne a ségréguées, retrouvent leur proximité. En repoussant le dogme de propriété privée, le projet s’oppose aux valeurs spéculatives et offre une meilleure résilience aux changements à venir. La réappropriation de l’espace public par les habitants participe alors à l’aménagement commun de l’espace et à la préservation des ressources. Cette hypothèse, en renouvelant l'héritage moderne, révise la théorie du vivre en ville. Ce jardin idéologique devient le théâtre d’expérimentations sociales, et par sa spécificité, critique notre condition et marque l’urgence de notre siècle.