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Les plages albanaises comptent parmi les plus durement touchées par l’érosion côtière en mer Adriatique. Ce phénomène, qui se produit naturellement, est ici accéléré par des courants marins et des vents toujours plus puissants ainsi que par un urbanisme sauvage et hors de contrôle des autorités. À Seman, dans la préfecture de Fier, se dresse un château d’eau qui autrefois alimentait en eau potable un petit village aujourd’hui englouti dans la mer. Initialement érigé sur la terre ferme, cet artefact d’une ère passée se tient à l’heure actuelle au milieu de l’eau, témoignant ainsi d’un paysage qui a subi une transformation aussi rapide que radicale. Ici, comme ailleurs le long du littoral albanais, la limite de côte a reculé de plus d’une centaine de mètres en l’espace d’une trentaine d’années seulement. Le projet, plutôt que de tenter en vain de contenir le recul du littoral, propose au contraire de l’accepter et de travailler avec cette ligne côtière en mouvement. Le dispositif cruciforme délimite deux aires de baignade, puis quatre lorsque la côte aura reculé. Comme le château d’eau, il sert également de marqueur de ce retrait. La structure permet à la fois d’absorber les changements à venir sur les prochaines décennies, mais aussi d’instaurer une temporalité saisonnière en accueillant, en alternance, les baigneur·euses en période estivale puis les pêcheur·euses le restant de l’année. Enfin, en se maintenant à une certaine distance du château d’eau, le projet invite à considérer celui-ci comme un monument d’une époque révolue, au même titre que les ruines des bunkers de l’ère communiste qui avaient fait l’objet d’une recherche dans le cadre de l’énoncé théorique.