La doctrine de la guerre juste est un modèle de pensée et un ensemble de règles de conduite morale définissant à quelles conditions la guerre est une action moralement acceptable. La doctrine s'intéresse plus particulièrement à la guerre préventive, et la notion de preuve du casus belli n'y a que peu de place. C'est une question philosophique importante car elle pose d’importantes questions sur la nature humaine, les relations intersubjectives, la polémologie et fait intervenir de nombreuses branches de la philosophie comme la métaphysique, l'épistémologie, la philosophie politique ou la philosophie éthique. C'est le thème principal de l'ouvrage épique hindou Mahabharata, qui en expose les principaux critères tels que la proportionnalité, l'utilisation de moyens justes, la nécessité d'une cause juste et le traitement équitable des prisonniers et des blessés. Pour les Romains, la guerre juste doit être menée « à la loyale » et exclut la ruse et la perfidie : ces deux méthodes, auxquelles ils associent parfois la diplomatie, sont propres à des ennemis de mauvaise foi et inférieurs ethniquement en valeur militaire et en courage. Ils affirment la supériorité morale du régime politique romain et justifient sa domination impériale. Toutefois, la menace de perfidie attribuée aux adversaires justifie une légitime défense, et même la ruse considérée alors comme un stratagème autorisé. En Occident, les premières interrogations d'ampleur sur cette doctrine furent le fait de Cicéron (De officiis 1.11.33–1.13.41). Son interrogation est reprise par des auteurs catholiques comme Augustin d'Hippone, Thomas d'Aquin, Francisco de Vitoria et son disciple Francisco Suárez. Le philosophe Hugo Grotius expose aussi des réflexions sur le sujet. Thomas d'Aquin exige trois conditions : auctoritas principis : la guerre ne peut relever que de la puissance publique, sinon elle est un crime.