En linguistique, dans les langues utilisant un abjad (hébreu ou arabe par exemple), le schème (aussi appelé thème) est la partie du mot complémentaire à la racine ; il s'agit de l'ensemble de consonnes et/ou de voyelles qui « habillent » les consonnes de la racine afin de former des mots. Par exemple, la racine « » KTB (« écrire ») associée au thème [âaa] (« action réciproque ») donne « » KâTaBa (« s’échanger une correspondance »). Ce système de transfixes (patrons) et racines (à trois lettres) gît au cœur de la morphologie des langues sémitiques, et est plus particulièrement prégnant dans le cas de l'arabe classique. thumb|upright=2|Exemples de racines à trois lettres jumelées à un nombre de transfixes Dans leur grande majorité, les mots du vocabulaire des langues sémitiques sont construits autour d'une racine, une unité abstraite minimale composée exclusivement de consonnes, le plus souvent trilitère, c'est-à-dire composée de trois consonnes. Ces racines abstraites, de l'ordre de , sont modulées par des schèmes dont le nombre est de l’ordre de quelques centaines, pour donner les mots effectivement utilisés dans le discours. Par exemple, en arabe : La racine KTB (« écrire ») croisée avec le schème [âaa] (« action réciproque ») donne kâtaba , « s’échanger une correspondance », La même racine KTB (« écrire ») croisée avec un schème [maû*] (participe passif, « ce qui est dans cet état ») donne maktûb , « ce qui est écrit », ⇒ « le destin ». Une autre racine F3L (« réaliser, agir ») croisée avec ce même schème [maû*] donne maf3ûl , « ce qui est agi » = « patient, passif ». La construction de familles de mots n'est pas inconnue en français, comme dans la série « lard, larder (action), lardoir (outil ou lieu), lardeur (agent), etc. » ; mais le procédé est systématique et relativement régulier dans les langues sémitiques. Par exemple, en arabe, chaque forme verbale est associée à un participe actif, désignant l'acteur de l'action, et un participe passif désignant son objet.
Christian Enz, Farzan Jazaeri, Arnout Lodewijk M Beckers