La théorie de la régulation est une théorie économique qui vise à tenter d'expliquer le passage de la croissance à la crise, sans invoquer de chocs externes. À partir des travaux fondateurs de Michel Aglietta, de Robert Boyer et de Gérard Destanne de Bernis, elle apparaît au milieu de la décennie de 1970, passage de la croissance à la crise aux États-Unis et en Europe, signifiant la fin des Trente Glorieuses (période de croissance élevée de 1945 à 1973) Cette école de pensée est, avec l’économie des conventions, l’une des deux principales approches hétérodoxes de l’économie en France. Cette théorie de la régulation ne doit pas être confondue avec les théories de la réglementation et de la régulation développées en microéconomie. C’est au sein de l’administration française (Insee, DP) que l’École de la régulation a pris naissance. Il s’agissait de trouver les origines de l’enrayement de la croissance des Trente Glorieuses et du fordisme qui correspond à la hausse simultanée de la productivité et des salaires. Ont été étudiées les crises en général ainsi que les périodes de stabilité ou d’instabilité économiques. Les chercheurs ont d'abord constaté qu’un même régime économique, le capitalisme en l’occurrence, prenait des formes différentes selon les nations. D’autre part, les mêmes causes ne produisaient pas toujours et partout les mêmes effets. Ainsi, lors d’un colloque organisé par la Banque de France, Christian De Boissieu constatait des disparités dans les courbes de Phillips qui expriment la relation entre le chômage et l'inflation et dans les lois d’Okun qui étudient les liaisons entre le PIB et le chômage selon les nations, voire les régions. Les modes de réaction spécifiques à chaque nation engendrent des situations économiques différentes. Ces divergences de réaction proviennent de leurs institutions, héritées de l'histoire propre à chaque nation. Les chercheurs ont établi que c’est l’adéquation entre les institutions et le régime économique qui détermine la stabilité ou l’instabilité de l’économie.
Reymond Clavel, Mohamed Bouri, Yves Stauffer