Le despotat d’Épire (en grec moderne : Δεσποτάτο της Ηπείρου) fut l’un des États grecs successeurs de l’Empire byzantin après la conquête de Constantinople et la mise en place de l'Empire latin d'Orient sur les terres principales de l'Empire byzantin par la quatrième croisade en 1204. Fondé par Michel Comnène Doukas, le nouvel État se voulut, à l’instar de l’empire de Nicée et de l’empire de Trébizonde, le successeur légitime de l’Empire byzantin. Centre de résistance et havre pour les réfugiés grecs contre les envahisseurs latins après la défaite, il ne réintégra l’empire restauré qu’en 1323. Grec par ses origines, puis italien, serbe et albanais par conquête, il tenta de maintenir son identité jusqu’à sa chute aux mains des Ottomans en 1479. Centré sur la province d’Épire et l’Acarnanie, au nord-ouest de la Grèce, et sur la partie occidentale de la Macédoine grecque, il s’étendait également en une mince bande sur la Thessalie et de la Grèce occidentale jusqu’à Naupacte (aujourd’hui Lépante) au sud. Sous Théodore Comnène Doukas et l’éphémère empire de Thessalonique, le despotat s’étendit pour incorporer brièvement la partie centrale de la Macédoine ainsi que la Thrace jusqu’à Didymotique et Andrinople (aujourd’hui Edirne). L’Épire (littéralement « terre ferme ») byzantine recouvrait les deux provinces romaines d’Épire ancienne, depuis le golfe d’Arta et Nicopolis jusqu’à Bouthrotos (aujourd’hui Butrint en Albanie), et d’Épire nouvelle avec les villes d’Avlona, Apollonia et Dyrracheion au nord. La population était essentiellement grecque dans l’Épire ancienne et plutôt albanaise dans l’Épire nouvelle. Bien que l’on donne traditionnellement à ce territoire le nom de « despotat » et à son souverain celui de « despote », l’une et l’autre appellation sont abusives. Ni le fondateur, Michel Comnène Doukas (règne de 1205 à 1215), ni son successeur Théodore Comnène Doukas (règne de 1215 à 1230), ne portèrent le titre de « despote ». Les premiers souverains épirotes portèrent plutôt le titre d’arkon (archonte) ou simplement de kyrios (seigneur).