Eglantine Bigot-Doll
Le projet de refuge + observatoire scientifique dédié à la nivologie se loge en territoire hostile à toute construction. Roche battue par le vent catabatique, altitude de 3300m, les seuls organismes vivants sont les lichens, corps sans organes, symbiose d'algue et de mycélium proliférant selon une organisation rhizomatique. C'est par cet affranchissement de toute hiérarchie structurelle que leur longévité est assurée. Le projet se conforme à cette stratégie. Sa structure principale verticale laminée par les filets d'air fait empreinte alors que son anatomie interne découle de l'accumulation des couches successives, par mimétisme aux dépôts de neige, gels et dégels, glissements, poches, frittage et digitations viscoplastiques. L'intériorité se crée alors par l'abouchement roche/structure primaire, tous deux substrats de la seconde structure établissant le contact entre les deux systèmes. Abouchements encore dans les circulations verticales. Les agencements se créent par invaginations du dehors dans les replis de la matière. La lecture de l'édifice depuis la Mer de Glace s'apparente dès lors à celle du drapé baroque auquel s'ajoutent multiplicités et bourgeonnements, [boursouflures]. Sans laisser pour autant transparaître tout ce qui se crée au-dedans, le projet émet alors sa propre duplicité vénielle, la morpho-schizophrénie du drapé dissimulant une anatomie.
2009