Armelle Loreline Hausser, Claire Nicole Pelgrims
Cet essai invite à réfléchir à l’existence de rythmes indisciplinés, c’est-à-dire les manières de fluer personnelles qui entrent en tension avec la tonalité d’une situation donnée et induisent une recomposition du rythme collectif. Cet article questionne les différents dispositifs de l’aménagement urbain qui imposent un rythme et permettent une « mise en cadence » des mobilités et de l’expérience ou, au contraire, offrent des appuis à la performance de rythmes dissonants, alternatifs. Dans la première partie de l’article, les rythmes induits et les rythmes indisciplinés sont observés au travers de trois modalités d’induction du rythme collectif : le rythme induit par le flux de mobilité, le rythme induit par le croisement des modes, le rythme d’ouverture et de fermeture temporaire d’un territoire à certains modes de mobilité et d’immobilité. Dans la seconde partie de l’article, les causes, l’expérience et la légitimité des rythmes indisciplinés dans les trois situations présentées dans la première partie sont discutées au travers de concepts tels que la durée et l’acceptabilité, la volonté et la capacité, l’apprentissage et le désapprentissage, ou encore l’ordre et le désordre. La conclusion questionne l’intérêt d’aménagements appropriables, qui offrent des appuis aux rythmes indisciplinés pour « rerythmer » la société de manière plus ouverte et moins oppressante.
2019