Silvia Groaz, Francesco Borghini
Le projet s'inscrit dans la continuité d'une recherche théorique au sujet du système de consommation et de son implosion, telle que Baudrillard l'avait décrite: il utilise la même logique du systématique et l'alimente à tel point que le paradigme se change. L'île abandonnée de Hoffman Island dans la Lower Bay à New York donne le prétexte pour analyser les noyaux critiques du mall. Le choix stratégique de l'implantation permet une approche expérimentale et à la fois libérée du contexte: un laboratoire architectural et social. Le programme est composé par éléments hétérogènes qui se formalisent dans un seul volume hybride qui permet de révéler les contrastes entre le domaine de la consommation et sa conséquence, les déchets. Le projet propose une structure qui abrite une activité commerciale et un centre de recyclage des déchets produits par le centre même. L'objectif est de montrer le processus de la consommation de façon métabolique et de donner vie à un autre produit à partir des déchets. Tout ce qui est produit par le shopping mall est réintroduit dans le bâtiment, soit sous forme d'énergie, soit sous forme de produit. La plupart des déchets est composée de carton d'emballage et de papier qui deviennent la matière première pour concrétiser l'implosion. L'espace commercial se substitue peu à peu pour laisser place à l'archivage des livres produits avec ses déchets dans un processus dynamique et chronologique. Dans cette logique, plus le centre commercial consomme, plus il est attractif, plus il a du succès, plus il va produire de déchets et plus il est consumé. Le projet proposé invite à réfléchir sur l'instabilité et les contrastes en touchant les points faibles du centre commercial, en bouleversant le monde bruyant, attractif et pop du shopping mall, et en l'entraînant au moyen de ses propres cendres dans le monde du silence, du discret. Le mall apparait comme un vestige, une ruine pop du XXIe siècle qui vise à interpeller, à révéler, à faire prendre conscience.
2012