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Les efforts des cartographes pour formaliser, et pour systématiser la connaissance de l’espace habité, ont conduit en grande partie à privilégier une vision statique. À l’instar de la perspective de certains dispositifs picturaux de la Renaissance, la cartographie fixe encore ses objets. En termes géographiques, elle tend à confiner les humains à leurs domiciles. Cette pratique facilite les recensements statistiques et la lecture du territoire. Elle est cependant toujours plus réductrice face à la manière qu’ont les humains d’habiter leur espace, notamment dans le contexte d’un essor de la mobilité individuelle. Elle charrie en outre une idéologie de la demeure à fort potentiel identitaire, voire régressif, dans la mesure où la pluralité des individus s’y voit niée. Pourtant des moyens de tenir compte de la mobilité et de donner l’image cartographique du territoire qu’elle dessine existent. Nous en présentons un, ici, sous forme d’une approche basée sur le concept de « temps total de séjour ». Elle consiste à comptabiliser le temps passé dans les lieux plutôt que leurs populations résidentielles et donne ainsi – aux géographes comme aux aménageuses du territoire – les moyens de se pencher sur un territoire mouvant et complexe.