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Le relevé de la pollution des cours d’eau aux pesticides, réalisé égulièrement par de nombreux cantons, est important pour la protection des eaux. Vu le grand nombre de substances actives autorisées (env. 500) et des modifications incessantes dans le domaine des autorisations de mise sur le marché, il est souvent difficile de décider, dans les analyses de routine, quelles substances rechercher. Une fois la sélection effectuée, on se demande toujours combien de substances n’ont pas été relevées dans un échantillon d’eau. L’étude réalisée par l’Eawag en collaboration avec cinq cantons sur demande de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) a pour objectif de relever la multitude de pesticides (produits phytopharmaceutiques et biocides) présents dans des cours d’eau sélectionnés du Plateau suisse, à l’aide d’une analyse la plus complète possible. Dans le cadre du premier programme «NAWA SPE» (Observation nationale de la qualité des eaux de surface, observation spécifique), on a prélevé dans cinq cours d’eau avec bassins versants, de 35 à 150 km², présentant une utilisation différente du territoire (agriculture et bâti), entre mars et juillet 2012, respectivement 9 échantillons composites sur deux semaines. L’analyse complète des pesticides a été réalisée par chromatographie liquide et spectrométrie et a permis de rechercher dans les échantillons d’eau 288 substances actives organiques synthétiques polaires. Au total, on a pu mettre en évidence 104 pesticides différents. 82 substances actives étaient exclusivement utilisées comme produits hytopharmaceutiques, 2 étaient autorisées uniquement comme biocides et 20 substances avaient une double autorisation en tant que produits phytopharmaceutiques et biocides. Parmi les produits phytopharmaceutiques, la catégorie la plus représentée en nombre était celle des herbicides, suivie par celle des fongicides et des insecticides. En moyenne, on a mis en évidence dans chaque échantillon 40 pesticides différents. La plupart des concentrations supérieures à la limite de détermination se situaient entre 1 et 50 ng/l, mais de nombreux herbicides et quelques fongicides et biocides étaient cependant également présents dans des concentrations de plus de 100 ng/l; un plus petit nombre a été mesuré dans des concentrations de plus de 1000 ng/l. La somme des concentrations mesurées de tous les pesticides était, dans 78% des échantillons, > 1000 ng/l. Notons qu’il s’agit de concentrations moyennes sur deux semaines dans des eaux courantes de taille moyenne et que les concentrations maximales dans celles-ci, notamment dans des cours d’eau plus petits, peuvent être beaucoup plus élevées. L’exigence numérique de l’Ordonnance sur la protection des eaux (100 ng/l) pour des pesticides individuels a été dépassée pour 31 substances actives; les critères de qualité écotoxicologiques ont été dépassés pour 19 substances actives. Dans les cinq cours d’eau, on a mis en évidence, pour 4 à 11 substances, des concentrations supérieures à leur critère de qualité écotoxicologique. On ne peut donc pas exclure sur ces cinq sites une pollution des organismes aquatiques par des pesticides. L’étude montre que les cours d’eau de moyenne dimension, sur l’ensemble de la période d’étude, sont pollués par une pluralité de pesticides. Pour réaliser une évaluation correcte de la qualité de l’eau, il est donc important de pouvoir analyser un nombre maximum de substances et, pour les principales substances, de déterminer des critères de qualité écotoxicologiques. À l’avenir, il faut également élaborer des méthodes écotoxicologiques pour mieux évaluer la survenue simultanée de ces substances.