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Cinquante ans après l'indépendance de l'Algérie et l'abandon d'une partie de ses supplétifs “harkis”, la France sort de son mutisme et regarde enfin cette sombre période. Engagée dans une lutte contre l'oubli, elle immobilise les traces de l'époque pour mobiliser le souvenir et fait confiance aux mémoriaux ou autres monuments, marqueurs d'une reconnaissance publique avérée. Toutefois, en extériorisant un mémorable à travers une forme monumentale inerte, c'est comme si elle se délestait du travail du souvenir. La mémoire attendue s'est faite finalement devancée par le mémorial, lui-même voué à se fondre peu à peu dans le paysage et à régresser en habitude visuelle dépourvue de tout pouvoir d'interpellation. Alors, comment faire autrement? Pallier le poids écrasant de l'Histoire, du devoir de mémoire et de son institutionnalisation, en préférant une mémoire involontaire à une mémoire volontaire. S'attacher à traduire la mémoire des “harkis”, c'est répertorier dans le Sud de la France les structures d'accueil des familles qu'étaient les hameaux de forestage, se rappeler de l'importance des chantiers forestiers dans le reboisement et la lutte contre les feux de forêts. En ce sens, l'histoire des “harkis” croise celle de la forêt méditerranéenne pour répondre à un enjeu actuel: la gestion et l'entretien des pare-feux. La mémoire “harkie” est indirectement mise en espace par la construction d'un ouvrage test sur le territoire varois, sous la forme d'un jardin de cultures à vocation DFCI (Défense de la Forêt Contre l'Incendie).