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Le télétravail s’est imposé pendant la crise sanitaire de ce printemps pour de nombreux actifs européens. A plus fort de la crise jusqu’à 1 actif sur 2 en France ou en Suisse était passé en télétravail, partiellement ou totalement. Mais cette possibilité du télétravail a surtout été réservée aux personnes les plus formées. L’existence d’un très fort gisement de télétravail en Europe, inexploité avant la crise, couplée à une forte aspiration des employés à y avoir recours, laisse penser que le recours au télétravail pourrait être une des conséquences durables de la crise sanitaire due au coronavirus. Ces faits ressortent d’une grande enquête menée de mars à mai dans 7 pays européens et dont les résultats sont publiés ce jour. Mobil’homme, bureau de sciences sociales basé à Lausanne (Suisse) publie les premiers résultats de son enquête sur les effets de la crise sanitaire sur la mobilité et le travail. Cette première publication traite du télétravail, les prochaines publications issues de la même enquête se focaliseront sur la mobilité notamment. L’enquête a été effectuée du 3 avril au 5 mai 2020, auprès de 14'886 personnes, vivant en Suisse, France, Belgique, Allemagne, Autriche, Luxembourg et Espagne. La crise sanitaire a été une occasion inédite pour les employés mais aussi pour les employeurs de tester le télétravail au domicile. De fait, il a été massif dans tous les pays que nous avons enquêtés, mais avec des différences d’intensité. 1 actif sur 2 en France, au Luxembourg ou en Suisse est passé en télétravail, partiellement ou totalement, 1 actif sur 3 en Allemagne. Le niveau de formation a généré les plus grandes différences de pratiques. Alors que les actifs ayant des formations tertiaires sont massivement passé en télétravail, ceux n’ayant pas de formation post-obligatoire ont majoritairement connu un arrêt de travail ! Avoir un emploi qui était compatible avec le télétravail a constitué une véritable « assurance-chômage » et a permis de limiter fortement le recours au chômage technique ou partiel. Pour ceux qui ont continué à aller sur leur lieu de travail, le recours à la voiture a fortement augmenté tandis que la pratique des transports publics, urbains et non urbains, chutait. Nombreux ont été les actifs à se replier également sur la marche pendant cette période. Par contre, le vélo n’était pas plus utilisé par les pendulaires pendant la crise. La croissance de l’usage du vélo ne se mesure pas sur les déplacements domicile-travail mais sur les déplacements réalisés pour d’autres motifs. La part de la voiture a augmenté dans les 7 pays, le plus fortement au Luxembourg et en Espagne. Ce que révère aussi l’étude est qu’il existe un potentiel important de télétravail mais que celui-ci est largement inexploité. Nous avons finalement questionné les enquêtés quant à leur souhait de recourir au télétravail à l’avenir. Les résultats montrent qu’une part très importante d’entre eux aimerait effectivement y avoir recours plus fréquemment, en particulier ceux qui articulent au quotidien vie de famille et vie professionnelle. Le contexte actuel semble donc être favorable à ce que le télétravail augmente fortement en Europe comme conséquence durable de la crise sanitaire de 2020.