L’usine imaginaire. Transformation d’un monument industriel en centre de création dans le vieux Port de Rio de Janeiro

Loin des plages et des montagnes iconiques de la cidade maravilhosa, l’ancienne zone portuaire de Rio de Janeiro se mue en centre touristique et économique. Parmi les témoins majeurs de cette transition, les imposants silos désaffectés du Moulin Fluminense font face aux premières tours commerciales et attendent leur reconversion imminente en hôtel de haut standing. En continuité avec l’étude du musée d’Art Moderne de Affonso Eduardo Reidy réalisée pour l’énoncé théorique, L’enseignement du vide, le projet a pour objectif de transformer le Moulin en un centre national pour les métiers créatifs. L’idée sous-jacente est d’affirmer la capacité de l’art et de l’architecture à jouer un rôle social et éducatif vis-à-vis de la population, et ce à travers le langage populaire issu du réalisme. La cohabitation fortuite des artisans et des artistes nourrit une réflexion sur les rapports entre production et domesticité, privacité et collectivité, tradition et modernité, physique et métaphysique. Il en résulte une organisation spatiale et formelle complexe dans laquelle opèrent trois machines aux fonctions et systèmes structurels distincts mais complémentaires : vivre (cellules), produire (portiques) et exposer (grille). L’organicité de l’ensemble tient au rôle central des silos qui assurent la desserte verticale de l’ensemble et connectent les ateliers par le biais de passerelles. L’Usine Imaginaire se présente comme un lieu d’expérimentation domestique et créative au service de la population locale, de la mémoire et du renouvellement du quartier du vieux port à travers sa valorisation économique et culturelle.