Un schibboleth, en שִׁבֹּלֶת, prononcé en français, est une phrase ou un mot qui ne peut être utilisé – ou prononcé – correctement que par les membres d'un groupe. Il révèle l'appartenance d'une personne à un groupe national, social, professionnel ou autre. Autrement dit, un schibboleth représente un signe de reconnaissance verbal.
Dans la Bible, le mot schibboleth signifie « épi », « branche » (Genèse 41:7, Job 24:24, Zacharie 4:12) (à rapprocher de l'arabe senbala « épi »), ou encore « flot », « torrent » (Psaumes 69:2).
Le schibboleth apparaît dans le Livre des Juges 12:4-6. Dans cet épisode, les Guiléadites utilisent ce terme pour distinguer leurs ennemis éphraïmites parmi les fuyards. Les Éphraïmites se trompant sur la façon de prononcer la lettre shin, ils écorchaient là le dernier mot de leur vie...
Lorsque Jephté, chef des hommes de Galaad, eut défait les Éphraïmites et pris les gués du Jourdain, de nombreux fugitifs voulurent traverser le fleuve.
Cette guerre entre les Galaadites (de la tribu de Gad et de la demi-tribu de Manassé-transjordanien) et les Éphraïmites est à rapprocher des guerres lacédémoniennes entre Athènes et Sparte. En effet, les Éphraïmites, , prenaient toujours le commandement de tous les combats auxquels ils prenaient part et s'attribuaient toute la gloire d'une éventuelle victoire. Jephté, sachant cela et ne voulant pas être privé de la gloire de son équipée contre les non-israélites de Transjordanie, ne les avait pas invités ; aussi étaient-ils arrivés après tout le monde. Furieux, ils s'en étaient pris à Jephté et à ses soldats, mais comme le raconte la suite de l'histoire, mal leur en a pris.
Plusieurs schibboleths interviennent d'une manière similaire au cours du Moyen Âge et de la Renaissance.
Ainsi, une légende célèbre veut que la prononciation du mot sicilien ciciri (« pois chiche ») ait permis aux Siciliens de reconnaître leurs ennemis angevins et donc de les exécuter lors des Vêpres siciliennes de 1282.