En linguistique, l’épenthèse est l'insertion dans la parole d'un son (phonème) supplémentaire qui permet de clarifier, de faciliter ou de rendre plus « naturelle » l'élocution. Un exemple en français est le « -t- » euphonique (t euphonique) de « va-t-on » ou « y a-t-il ».
Il s'agit, techniquement, d'une modification phonétique de type métaplasme qui consiste en l'apparition, à l'intérieur d'un mot ou groupe de mots, d'un phonème adventice qui n'a pas d'origine étymologique. Le phénomène contraire est la suppression de phonèmes par amuïssement ou syncope.
L'épenthèse peut avoir lieu au cours du temps comme phénomène d'évolution phonétique. Elle peut aussi se produire occasionnellement comme modification phonétique ponctuelle au cours de la parole : elle peut même être délibérée et constitue alors une figure de style.
Le terme « épenthèse » (substantif féminin) vient du grec ancien : ἐπένθεσις, epénthesis signifiant « insertion », « intercalation d'une lettre ». Le synonyme latin est adjectio.
Pour le dictionnaire Le Robert, . Le phonème épenthétique s'intercale le plus souvent entre deux consonnes et emprunte certains traits (point d'articulation, mode d'articulation, voisement) du phonème d'avant et du phonème d'après.
L'origine du mot français « chambre » fournit un exemple d'épenthèse en diachronie. Le latin parlé dans l'Empire romain aux premiers siècles de notre ère perd son unité linguistique. En Gaule apparaît un amuïssement du /e/ en syllabe non accentuée. Le mot « camera », prononcé /kamera/ en latin classique, s'affaiblit en /kamra/, mettant ainsi en présence les deux consonnes /m/ et /r/. Une consonne de transition /b/ est naturellement prononcée par les locuteurs (il est en effet très difficile, en français, de prononcer à haute voix un mot tel que « camra » sans qu'un /b/ apparaisse entre /m/ et /r/).