La Mort de l'auteur est un essai de 1967 du critique littéraire et théoricien français Roland Barthes (1915-1980). L'essai s'oppose à la pratique de la critique littéraire traditionnelle consistant à s'appuyer sur les intentions et la biographie d'un auteur pour tenter d'expliquer de façon définitive le « sens ultime » d'un texte. Au lieu de cela, l'essai met l'accent sur la primauté de l'interprétation par chaque lecteur sur toute signification « définitive » voulue par l'auteur, un processus dans lequel des caractéristiques subtiles ou inaperçues peuvent être utilisées pour obtenir un nouvel aperçu. L'essai est d'abord publié en anglais dans la revue américaine Aspen, n° 5–6 en 1967, puis l'année suivante en français dans le magazine Manteia, n° 5. Il paraît finalement en 1977 dans une anthologie des essais de Barthes, Image-Musique-Texte, ouvrage qui comprend également De l'œuvre au texte. Dans son essai, Barthes s'oppose à la méthode de lecture et de critique littéraire qui s'appuie sur telle facette de l'identité d'un auteur pour comprendre le sens de son œuvre. Dans ce type de critique, les expériences et les préjugés de l'auteur servent d'« explication » définitive au texte. Pour Barthes, cette méthode de lecture qui peut sembler ordonnée et pratique se révèle bâclée et imparfaite : « Donner un auteur à un texte », et lui attribuer une interprétation unique et correspondante, « c'est imposer une limite à ce texte ». Selon Barthes, les lecteurs doivent donc séparer une œuvre littéraire de son créateur afin de libérer le texte de la tyrannie interprétative (conception à rapprocher de celle d'Erich Auerbach sur la tyrannie narrative dans les paraboles bibliques). Chaque texte se compose de multiples couches et significations. Dans un passage célèbre (reprenant notamment un motif d'Herman Melville dans Moby Dick), Barthes établit une analogie entre le texte et les textiles : plutôt qu'une expérience individuelle, un "texte est un tissu de citations" tirées d'"innombrables centres de culture".