Le Dictionnaire philosophique, aussi nommé La Raison par alphabet, est une œuvre de Voltaire publiée en 1764 sous le titre de Dictionnaire philosophique portatif.
Le projet de rédaction d'un dictionnaire qui rassemblerait les principales idées du parti philosophique aurait germé vers 1750 dans l'entourage du roi Frédéric II de Prusse, à la cour duquel vivait Voltaire à cette époque. L'arrivée à Berlin en 1752 de l'abbé de Prades, collaborateur de l'Encyclopédie, chassé de France pour avoir diffusé les idées du philosophe anglais Locke dans une thèse de théologie, les aurait conduits à projeter la réalisation d'une somme qui, débarrassée de la prudence dont devaient faire preuve les encyclopédistes français, aurait dévoilé sans fard au public les idées des philosophes. Mais cette œuvre collective ne vit jamais le jour, Voltaire ayant rompu avec Frédéric et quitté Berlin au début de 1753, en raison du soutien apporté par le roi à Maupertuis dans son attaque contre Samuel König.
Quelque temps plus tard, en 1755-1756, Voltaire est approché par Diderot, et surtout par d'Alembert, qui l'invitent à participer à l'aventure de l'Encyclopédie. Il s'enthousiasme pour le projet, recrute des collaborateurs, commande et écrit des articles. Mais l'article « Genève », commandé et inspiré par Voltaire, provoque un énorme scandale à Paris et dans la cité lémanique : les protestants récusent ce texte, qui les présente comme des Déistes, tandis qu'en France la parution de l'Encyclopédie est suspendue. Après un échange épistolaire entre Diderot et Voltaire, qui le presse de s'exiler, ce dernier interrompt sa collaboration. De toute façon, il en est venu à penser que l'Encyclopédie est trop volumineuse pour être une arme véritablement efficace.
En 1763, Voltaire revient à son idée d'un ouvrage qui condenserait l'essentiel de ses idées philosophiques, morales, politiques et religieuses. Il est alors au sommet de sa gloire : historien, dramaturge, poète, polémiste, son influence est telle qu'il est parvenu à intéresser les cercles dirigeants de l'Europe entière à l'injustice commise contre un protestant toulousain, Jean Calas, et à obtenir qu'un procès en révision soit ouvert.