Un bodegón (pluriel bodegones) est en espagnol contemporain, une nature morte. Dans la peinture espagnole, entre la fin du , le bodegon est considéré un genre séparé de la nature morte. Il s'en distingue par son recours exclusif aux éléments ayant trait à l'alimentation (vaisselle, gibier...) et aux scènes de cuisine, à l'utilisation systématique de clairs-obscurs, au naturalisme et par l'introduction de personnages, quand à cette époque la nature morte se focalise sur les autres objets inanimés (fleurs, vases etc.). À partir du , il y a convergence entre ces deux genres. Le terme bodegon traduit exactement nature morte.
Certains rejettent cette utilisation du terme, leur préférant un mélange de peinture de genre dans le style bambochade et de nature morte.
Le terme est un augmentatif de « bodega », lieu de stockage, de production et de vente du vin, cave viticole. Il fait également référence à des objets de la vie courante ou quotidienne, qui peuvent être peints avec des fleurs, des fruits ou d’autres objets pour montrer l’habileté du peintre.
Ce terme a été appliqué, dès le , par les écrivains d’art espagnols Francisco Pacheco et Antonio Palomino aux premiers tableaux de Vélasquez, dans lesquels il a peint des scènes quotidiennes probablement inspirées des pièces de cuisine hollandaises, où les natures mortes de vaisselle et d’aliments jouaient clairement un rôle. Des particularités évidentes distinguent de manière caractéristique le monde courtois et cérémoniel du bodegón espagnol de la vie bourgeoise-pratique du citoyen dans la nature morte du Nord où les tableaux de repas flamands et hollandais offrent des motifs luxuriants placés dans un contexte d’action (préparation, aliments), tandis que dans les représentations espagnoles, toute référence à la consommation est omise. « Il n’y a pas de hasard artistique dans la composition des objets... qui suggère la manipulation pratique des choses. » Joachim Bueckelaer et Pieter Aertsen sont d’importants représentants de ce genre cultivé dans les Pays-Bas espagnols.