L'historiographie française contemporaine désigne sous le nom de « non-conformistes des années 1930 », en se référant à l'ouvrage éponyme de Jean-Louis Loubet del Bayle, une nébuleuse de groupes et de revues d'inspiration « personnaliste », apparue entre 1930 et 1934 et animée par de jeunes intellectuels français qui avaient la volonté de situer leur « engagement » en marge des mouvements d'idées établis. On pouvait y distinguer trois courants : La revue Esprit qui se constitue à partir de 1931 autour d'Emmanuel Mounier, et auquel on tend parfois aujourd'hui à réduire le personnalisme des années 1930. L'Ordre nouveau créé sous l'impulsion organisatrice d'Alexandre Marc à partir d'une base théorique fondée particulièrement sur la réflexion de Robert Aron et d'Arnaud Dandieu, l'œuvre de ce dernier étant brutalement interrompue par la mort en 1933. Ce que Emmanuel Mounier appellera la « Jeune Droite » rassemblera de jeunes intellectuels plus ou moins dissidents de l'Action française, Jean de Fabrègues, Jean-Pierre Maxence, Thierry Maulnier, autour de revues comme Les Cahiers, Réaction pour l'ordre, La Revue française, La Revue du Siècle. Face à ce qu'ils percevaient comme une « crise de civilisation », ces jeunes intellectuels présentaient, malgré certaines divergences, un « front commun », en rupture avec le « désordre établi » que leur semblaient représenter les institutions capitalistes et parlementaires d'une société libérale et individualiste, dont les fondements institutionnels leur paraissaient aussi fragiles et « inhumains » que les fondements culturels en proie à un matérialisme et un nihilisme destructeurs. Refusant parallèlement les tentatives « étatistes » de réponse « totale » du communisme ou du fascisme, ils avaient l'ambition, pour remédier à cette « crise de l'homme au », de susciter une « révolution spirituelle », transformant simultanément les choses et les hommes, qui devait trouver son inspiration philosophique dans une conception « personnaliste » de l'homme et de ses rapports avec la nature et la société, et se traduire par la construction d'un « ordre nouveau », au-delà de l'individualisme et du collectivisme, orienté vers une organisation « fédéraliste », « personnaliste et communautaire » des rapports sociaux.