L'Art des bruits (L'arte dei rumori), sous-titré Manifeste futuriste (Manifesto futurista) est un manifeste futuriste écrit en 1913 par Luigi Russolo dans une lettre à son ami le compositeur futuriste Francesco Balilla Pratella. Pierre fondatrice du bruitisme, il est considéré comme l'un des textes les plus importants et les plus influents de l'esthétique musicale du ; comme l'affirme Philippe Robert à son propos : « Un grand fracas de tôle emboutie : voilà ce à quoi les bases du renouveau musical du ont en partie ressemblé ».
Russolo y soutient l'idée que l'oreille humaine s'est familiarisée avec la vitesse, l'énergie et le bruit de l'environnement sonore urbain et industriel, et que cette nouvelle palette sonore nécessite une approche renouvelée des instruments et de la composition musicale. Il expose un certain nombre de conclusions dans lesquelles il décrit la manière dont l'électronique et d'autres technologies permettront aux musiciens futuristes de « substituer le nombre limité de sons que possède l'orchestre aujourd'hui par l'infinie variété de sons contenue dans les bruits, reproduits à l'aide de mécanismes appropriés ».
L'essai de Russolo explore les origines des sons créés par l'homme.
Russolo établit que le bruit n'est né qu'au , à la suite de l'invention des machines. Auparavant, le monde était un lieu calme, sinon silencieux. Si l'on fait exception des tempêtes, des chutes d'eau et des séismes, le bruit qui venait interrompre ce silence n'était ni intense, ni prolongé ni varié.
L'auteur remarque que les premières expériences musicales de l'Homme étaient extrêmement simplistes, réalisés avec des instruments forts rudimentaires, et que de nombreuses civilisations primitives attribuèrent à la musique une origine divine et la réservèrent aux rites et rituels religieux. La théorie musicale des Grecs était basée sur les tétracordes mathématiques de Pythagore, qui ne permettaient pas d'harmonies. Tout au long du Moyen Âge, des développements et des modifications furent apportés au système musical grec, ce qui mena par exemple au chant grégorien.