Les Craignant-Dieu (au singulier en φοβούμενος τὸν Θεόν, phoboumenos ton Theon) sont, pendant la période du Second Temple, un groupe de « gentils », ou non-juifs, proches du judaïsme hellénistique sans être cependant convertis au judaïsme. Évoqués dans le Nouveau Testament (Épîtres de Paul, Évangiles, Actes des Apôtres), ils forment une communauté à part, majoritairement gréco-romaine, qui adhère à la foi monothéiste de la Torah mais n'est pas tenue de se soumettre à toutes les pratiques du judaïsme, dont la cacherout et surtout la circoncision.
C’est principalement dans le milieu des Craignant-Dieu que se développe le christianisme primitif.
Le centurion Corneille décrit en Actes 10 est l'un de ces Craignant-Dieu, comme l'est probablement Luc, auteur de l'Évangile selon Luc et des Actes. De nombreux Craignant-Dieu sont mentionnés dans les inscriptions de synagogues du monde hellénistique.
Le monothéisme juif, sa foi en un Dieu unique et créateur, ses rites et ses fêtes religieuses exercent à l'époque du Second Temple un attrait indéniable sur le monde gréco-romain. Or, pour un « gentil » du , la conversion au judaïsme signifie l'adoption de coutumes qui en font un véritable « choix de vie » et impliquent entre autres la circoncision ; seuls les prosélytes proprement dits s'y conforment. Les païens qui se limitent à un engagement partiel, les « sympathisants », se contentent d'observer Shabbat, de respecter certaines pratiques telles que les fêtes ou les prescriptions alimentaires, d'aller à la synagogue et de lire la Torah : on les appelle les « sabbatisants » ou « Craignant-Dieu ».
thumb|Le Baptême de l'eunuque, par Rembrandt (1626), musée du couvent Sainte-Catherine, Utrecht.
Il semble difficile de déterminer si l'eunuque éthiopien qui lit le Livre d'Isaïe et demande le baptême au diacre Philippe en est un prosélyte ou un Craignant-Dieu. Dans ce second cas, il s'agirait du tout premier baptême d'un païen. Dans le cas contraire, le premier baptême d'un Craignant-Dieu est celui du centurion Corneille (Ac 10), qui est probablement un sympathisant grec du judaïsme.