En linguistique, le nous inclusif est un pronom ou une conjugaison de verbe qui indique l’inclusion du locuteur, des auditeurs, et peut-être encore d’autres personnes. Le nous exclusif inclut le locuteur et une ou plusieurs autres personnes mais exclut l’auditoire. Par exemple, « Serrons-nous la main » est inclusif ; « Nous t'attendons » est exclusif.
Diverses langues non européennes font cette distinction, qui est tout à fait fréquente aussi bien dans les langues d’Inde et d'Extrême-Orient que celles des Amériques, d'Australie et d'Océanie.
Cette distinction est possible parce que « nous » n'est pas le pluriel de « je » au sens où « chevaux » est le pluriel de « cheval » ; dans « nous », il n'y a pas plusieurs « je », mais il y a « je » plus une ou plusieurs autres personnes ; si ce n'est pas le pluriel de « je », « il est plus correct de dire qu'il comporte une référence à "je", et qu'il est pluriel ».
La différence entre les deux formes de « nous » est plus facilement mise en évidence en cherchant les situations correspondantes pour lesquelles le locuteur ne s'inclut pas.
La distinction « exclusif-inclusif » est répandue dans presque toutes les langues austronésiennes et les langues aborigènes du nord de l’Australie jusqu’aux langues woiwurrung tout au sud, mais elle est rare dans les langues papoues (le tok pisin, un parler pidgin anglo-mélanésien, a généralement une distinction « exclusif-inclusif », mais son utilisation varie en fonction des origines culturelles du locuteur). Elle est répandue dans les langues dravidiennes, les langues munda et les langues de l’est de la Sibérie comme l’evenki bien qu’elle ait été perdue dans certaines. Cette distinction est répandue dans à peu près la moitié des langues amérindiennes, sans véritable logique de distribution géographique ou généalogique. On la trouve aussi dans quelques langues caucasiennes et des langues d’Afrique sub-saharienne comme l'ancien nubien et le laal, et dans certaines langues indo-aryennes, comme le marathi, le rajasthani et le gujarati.