Le nihilisme russe désigne un mouvement intellectuel, philosophique, politique, littéraire et journalistique de gauche particulièrement vivace dans l’Empire russe de la fin des années 1850 jusqu’au début des années 1880.
L'apparition du mouvement nihiliste provoque un profond clivage au sein même de l'intelligentsia russe de l'époque, qui se scinde entre « nihilistes » et « antinihilistes ». Pour certains historiens de ce mouvement (par exemple, Sergueï Stepniak-Kravtchinski ou Pierre Kropotkine), celui-ci s'acheva à la fin des années 1860, d'autres le voient se prolonger très au-delà, mais distinguent une première phase plus littéraire, suivie par une phase plus politique.
Le nihilisme russe a un sens particulier et désigne plus des individus et un mouvement politique et littéraire radical qu'un mouvement philosophique, tel qu'on le conçoit habituellement en Occident.
Dans l'article qu'il consacre à la question, Charles Moser distingue plusieurs « niveaux » de nihilisme :
le nihilisme intellectuel, qui
le nihilisme politique, qui
le nihilisme métaphysique, , qui est
Il indique également que si, outre les journaux, le roman fut le principal champ d'affrontement, la poésie, curieusement, ne fut pas épargnée.
Si en Russie, les première décennies du furent marquées par l'idéalisme allemand, les décennies suivantes (années 1840 et 1850) furent très influencées par une philosophie « scientifique », souvent positiviste (le positivisme devint l'un des courants philosophiques qui eut le plus grand retentissement en Russie jusqu'au ). Encouragé par les découvertes de la chimie et de la biologie, le mouvement tourna assez vite au scientisme.
Les réflexions de Ludwig Feuerbach, Max Stirner, Henry Buckle, Ludwig Büchner, Charles Darwin, Jacob Moleschott ou même Herbert Spencer font l'effet d'une révélation, annoncent une période nouvelle du savoir humain enfin débarrassé de ses projections (Dieu, l'Homme...), et amènent la jeunesse à rejeter avec mépris les anciennes conceptions philosophiques comme dépassées.