vignette|La Mort de Marat, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique
La rigidité cadavérique, ou rigor mortis en latin, est un enraidissement progressif de la musculature causé par des transformations biochimiques irréversibles affectant les fibres musculaires au cours de la phase post-mortem précoce. Cet état qui fait partie des signes biologiques de la mort disparaît habituellement lorsque commence la décomposition, c'est-à-dire au bout de deux à quatre jours selon les circonstances.
right|thumb|
Schéma d'une fibre musculaire
La rigidité se caractérise par une perte d'élasticité des tissus, et notamment des muscles, causée par la coagulation de la myosine, une protéine qui y est présente.
Plus précisément, elle est due à l’arrêt des pompes ATPasiques (donc de l'approvisionnement des cellules en énergie) et à la perte de l'étanchéité du réticulum sarcoplasmique, sorte de poche située dans la cellule musculaire et contenant des ions calcium. Chez le vivant, lorsque le muscle est stimulé par l'influx nerveux, ces ions sont rapidement libérés dans le cytoplasme pour permettre les cycles de liaisons-détachement entre les têtes de myosine et les filaments d'actine (protéines filamenteuses), ce qui entraîne la contraction d'une cellule musculaire, et donc du muscle. Lorsque la contraction prend fin, le calcium est rapidement repompé dans le réticulum sarcoplasmique. À la mort, cette repompe n'a plus lieu, et ainsi la concentration cytoplasmique du Ca2+ augmente. Sous l'action de cet ion, des ponts entre les filaments d’actine et de myosine se forment, ce qui entraîne l'immobilisation du muscle.
La disparition de la rigidité est en rapport avec l’autolyse et la décomposition, qui détruisent la structure des filaments d’actine et de myosine ainsi que les liaisons qui les unissent.
La rigidité cadavérique est notamment utilisée en médecine légale, mais il n'y a pas de consensus scientifique sur les moments d'apparition, d'évolution et de disparition de cette rigidité car elle est fonction de nombreux paramètres (proportion de cellules musculaires, température initiale du corps sachant qu’un cadavre perd environ par heure, température ambiante, présence de produits toxiques, manipulation précoce du corps).