La comptabilité générationnelle est une méthode de comptabilité développée dans les années 1990 qui vise à prendre en compte les différences de traitement entre générations. La comptabilité générationnelle repose sur plusieurs hypothèses d'évolution de la population, de l'économie et de la politique fiscale nationale, et s'attache à décrire la répartition des paiements et transferts entre l'État et une classe d'âge donnée. L'enjeu principal de ce modèle est de prédire l'évolution du poids des dépenses publiques sur les générations futures supposées assurer la solvabilité de l'État au travers de sa contrainte budgétaire intertemporelle. On verra que si la méthode a une forte vocation prédictive, la pertinence de ses résultats est sujette à caution en raison d'une importante sensibilité aux hypothèses et conventions adoptées. Elle présente cependant l'avantage de fournir un nouvel outil d'analyse de l'impact des différentes politiques fiscales, en en mesurant plus facilement les effets à long terme. Outre son cadre comptable, cette méthode a le mérite de rassembler dans une analyse commune des relations entre générations les conclusions apportées par des disciplines aujourd'hui en pleine expansion telles que la sociologie ou la philosophie politique. Un certain nombre de facteurs sociaux ont orienté le débat économique des années 1990 dans le sens d'une meilleure prise en compte des enjeux démographiques. Le vieillissement structurel de la population ainsi que l'importance de certains chocs exogènes de la natalité ("baby-boom") a conduit les spécialistes à s'interroger sur la cohérence et la pérennité des politiques publiques de soutien entre générations. L'apparition de problématiques nouvelles telles que le développement durable ou le rationnement énergétique a considérablement accru l'horizon temporel des études économiques en inscrivant de manière systématique l'impact éventuel sur les générations futures au nombre des préoccupations majeures des experts autant que des décideurs politiques.