Jacques Bertin, né à Maisons-Laffitte le et mort à Paris le , est un cartographe français, père de la « sémiologie graphique ». Ce domaine s'inscrit dans le courant de recherche de la sémiotique visuelle. Après ses études secondaires, il est admis en 1934 à l’École de Cartographie à l’Université de Paris. Il y reçoit des enseignements en géographie mathématique (géodésie, systèmes de projection), en dessin cartographique. Une fois diplômé, Jacques Bertin travaille un temps pour l’édition, puis entre après la Deuxième Guerre mondiale au Centre National de la Recherche Scientifique. Il participe à un travail sur l’espace social parisien, au sein d’une équipe dirigée par le sociologue Paul-Henry Chombart de Lauwe (1913 — 1998). Ce travail aboutit à la publication en deux volumes de « Paris et l’agglomération parisienne » (1952). Dans le premier tome, « L’espace social d’une grande cité », Bertin rédige un chapitre intitulé « Recherche graphique », dans lequel il livre ses premières réflexions théoriques sur le langage cartographique. Il y esquisse notamment les notions de variables visuelles et de propriétés de ces variables. Il estime que le cartographe doit tendre vers une « unité visuelle », c’est-à-dire une image efficace et susceptible d’une lecture globale. En 1954, à l’initiative des historiens Lucien Febvre et Charles Morazé, Jacques Bertin rejoint la section de l’École pratique des hautes études, un pôle de recherches en sciences sociales né après la guerre avec le soutien de la Fondation Rockfeller, qui deviendra en 1975 l'École des hautes études en sciences sociales. En 1957, il devient directeur d'étude en créant le Laboratoire de Cartographie qu'il dirige jusqu’à sa retraite, en 1985. Le laboratoire est chargé de préparer des « cartes » et diagrammes à la demande de chercheurs d’horizons divers. Bertin et ses collaborateurs, confrontés à leur demande multiforme, tant du point de vue des données que des types d’illustration, vont peu à peu élaborer des principes généraux qui puissent guider la représentation graphique, tout en entretenant un dialogue fructueux entre la cartographie et les différentes disciplines des sciences sociales.