Le cinéma direct est une typologie du cinéma documentaire qui a vu le jour en Amérique du Nord, au Québec et aux États-Unis, entre 1958 et 1962. Le cinéma direct a été appelé cinéma-vérité entre 1960 et 1963 en France, avant d'être rebaptisé cinéma direct. Dans son acception initiale, il se caractérise par un désir de capter directement le réel et d’en transmettre la vérité. Il sera au cinéma, de façon plus durable, une manière de se poser le problème du réel, voire de tenter d'y agir par le cinéma en discutant au sein du film de la capacité du medium à saisir ou à provoquer l'émergence de la « vérité » intime des personnes filmées.
Divers aspects technologiques, idéologiques et sociaux doivent être développés afin de cerner ce mouvement dans l'histoire du cinéma. Voici les principaux jalons historiques nécessaires à sa compréhension.
Les caméras portatives et légères, permettant d'être filmées à l'épaule, sont une caractéristique du cinéma direct. Les premières caméras du genre furent probablement des caméras allemandes destinées aux reportages ethnographiques. On attribue généralement à la société allemande Arriflex l'invention de ces premières petites caméras, perfectionnées aux fins de surveillance aérienne pendant la guerre. Mais l'existence de ces caméras, qui permet à une nouvelle forme de documentaire de voir le jour, n'amènera toutefois pas à la création du cinéma direct.
Le son au cinéma avant l'arrivée du magnétophone Nagra était fait sur des appareils qui étaient soit encombrants, soit peu fiables, tant aux niveaux de la vitesse de défilement que de la qualité. Entre 1950 et 1960 de nombreux appareils tenteront de résoudre ce problème. À l'ONF, on développera par exemple le système Sprocketape qui ne s'imposera toutefois pas.
Dans le meilleur des cas, ce sont donc des sons saisis a posteriori sur les mêmes lieux et recalés au montage qui faisaient office de bande sonore documentaire, une bande son par ailleurs souvent construite comme celle du cinéma de fiction, à partir de sons d'ambiance, de sons d'archives, d'effets sonores, de musique, de voix post-synchronisées, de commentaires hors-champ (voice over).