Dans la mythologie indienne, le vâhana est l'être ou l'objet qui sert de monture ou de véhicule à une divinité. Vah en sanskrit signifie porter ou transporter.
Les divinités, devi et deva, ont presque toujours pour vâhana un animal, parfois réel, parfois mythique ou composite. La monture d'Agni est un bélier, celle de Kâma un perroquet, celle de Durgâ un lion ou un tigre. Garuda, le vâhana de Vishnu, est une créature mi-homme, mi-aigle. Le makara, vâhana de Varuna et de Gangâ, est un monstre marin dont l'étrange anatomie tient à la fois du crocodile, de l'éléphant et du poisson (pour la queue). L'humain est aussi un vahâna de divinité, comme Kubera, génie nain des forêts et gardien des richesses des dieux.
Dans l'iconographie, le vâhana est à la fois le symbole et l'emblème de la divinité qu'il porte : force et virilité du taureau Nandi, vâhana de Shiva, splendeur et majesté du paon Parvanî, vâhana de Skanda, grâce et beauté du cygne, vâhana de Sarasvatî.
En tant qu'adjoint de la divinité, le vâhana a pour fonction de redoubler ou de dédoubler ses pouvoirs. Durgâ la guerrière ne parvient à terrasser le démon Mahîshâsura que grâce à l'aide de sa monture, le lion Manashthâla. Lakshmi, déesse de la fortune, dispense des richesses à la fois matérielles et spirituelles lorsqu'elle chevauche son vâhana, le hibou Ulûkâ. Ganesh, celui-qui-ôte-les-obstacles, ne peut pénétrer partout malgré sa force éléphantesque, alors que son porteur, la petite souris Mûshika, est capable de se glisser dans les moindres interstices et de venir à bout des obstacles les plus résistants. C'est aussi Mûshika qui, sans jamais se faire remarquer, porte les bénédictions de la divinité dans chaque recoin de l'esprit.
En tant qu'animal, le vâhana symbolise les forces inférieures que la divinité domine et subjugue en les chevauchant. Monté sur Parvanî, Skanda bride l'incorrigible vanité du paon. Assis sur Mûshika, Ganesh pèse de tout son poids sur les pensées futiles qui pullulent comme des rats dans le noir.