L’accumulation primitive du capital est une théorie économique selon laquelle la Révolution industrielle a été rendue possible par l'accumulation de capital dans le temps, assurant des capacités d'investissement aux capitalistes. Cette théorie est développée par Karl Marx dans le Capital (chapitres 26 à 33) pour expliquer la révolution industrielle du .
Si le concept est d'origine marxiste, il a été traité par la suite par d'autres économistes, qui l'ont affiné ou l'ont contesté, en particulier grâce aux statistiques et recherches historiques postérieures à la mort de Marx.[source?]
Pour les marxistes, cette approche est le cœur du matérialisme dialectique, qui analyse l’histoire pour tenter de comprendre l’économie. Les détracteurs y voient au contraire un biais induit par le désir de valider des thèses économiques et sociales. De fait, la thèse de Marx a conservé une forte influence sur les grilles de lecture de la révolution industrielle, bien au-delà des cercles marxistes.
L'abondance du capital, s'il est utilisé, permet d'investir. L'investissement doit représenter au moins 10 % de la production nationale pour qu'une révolution industrielle se produise, a calculé l'économiste américain Walt Rostow, en observant que le sous-développement, dans de nombreux pays, se traduit par un taux d'investissement de seulement 5 %.
Le processus de production suppose l'avance d'un capital, il existe donc nécessairement une accumulation primitive, qui « joue dans l'économie politique à peu près le même rôle que le péché originel dans la théologie. Adam mordit la pomme, et voilà le péché qui fait son entrée dans le monde», écrit Marx.
Cette réflexion, centrée en particulier sur la révolution industrielle en Angleterre au , s’inspire des travaux initiaux de l’économiste David Ricardo, pour qui le niveau de la production et le nombre de travailleurs dont ils avaient besoin dépendaient des capitaux dont ils disposaient, selon les historiens Patrick Verley et Jean-Pierre Rioux.