La révolution keynésienne est le nom donné à un tournant paradigmatique dans la science économique à la suite de la publication de la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie par John Maynard Keynes en . L'expression a été inventée par Lawrence Klein.
John Maynard Keynes publie en 1936 sa Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie. L'ouvrage définit les contours du keynésianisme originel, en proposant des concepts tels que la demande effective (qui remplace la loi de Say), la loi psychologique fondamentale (qui récuse la thèse de lhomo œconomicus), ou encore le multiplicateur keynésien.
L'ouvrage de Keynes fait grand bruit dans le monde académique de l'économie et enclenche des débats économiques comme épistémologiques. La rédaction de manuels d'économie par Paul Samuelson et d'autres économistes américains à partir de mène à la création d'un nouveau courant de pensée, appelé synthèse néoclassique (ou néokeynésianisme), qui concilie les thèses néoclassiques les plus crédibles avec celles de Keynes. Ce nouveau keynésianisme connaît alors un très grand succès.
En 1947, l'économiste américain Lawrence Klein publie un ouvrage appelé La révolution keynésienne. Il y décrit la manière dont le keynésianisme a révolutionné la science économique et enclenché un changement paradigmatique, de tel manière que la synthèse est devenue, à son tour, une orthodoxie économique, c'est-à-dire du mainstream. Klein souligne l'extraordinaire fécondité théorique de la théorie de Keynes, qui a pu être adaptée et conciliée avec certains morceaux de la théorie néoclassique. L'appellation de fait écho à la des néoclassiques marginalistes.
La révolution keynésienne a pour effet de répandre et rendre orthodoxe, même aux adversaires de Keynes, un certain nombre de ses thèses et de ses concepts. C'est dans ce cadre que Milton Friedman, fondateur de l'école monétariste et opposant farouche à l'économiste britannique, a pu dire que « nous sommes tous keynésiens aujourd'hui ».