vignette|350px|Max Horkheimer (au premier plan, à gauche), Theodor Adorno (au premier plan, à droite), et Jürgen Habermas en arrière-plan, à droite, en 1964 à Heidelberg.
L’École de Francfort (en allemand Frankfurter Schule) est le nom donné, à partir des années 1950, à un groupe d'intellectuels allemands réunis autour de l'Institut de recherche sociale fondé à Francfort en 1923, et par extension à un courant de pensée issu de celui-ci, souvent considéré comme fondateur ou paradigmatique de la philosophie sociale ou de la théorie critique. Il retient en effet du marxisme et de l'idéal d'émancipation des Lumières l'idée principale que la philosophie doit être utilisée comme critique sociale du capitalisme et non comme justification et légitimation de l'ordre existant, critique qui doit servir à faire avancer la transformation.
Parmi ses premiers membres, on compte Max Horkheimer (1895-1973), qui fut le directeur de l'Institut à partir de 1930, son collègue Theodor W. Adorno (1903-1969), avec qui il écrira après-guerre La Dialectique de la raison, qui porte une critique de la société de consommation, Erich Fromm (1900-1980), considéré comme l'un des fondateurs du freudo-marxisme, et qui mêla psychanalyse et sociologie quantitative, Walter Benjamin (1892-1940), écartelé entre ses influences messianiques hébraïques et un marxisme inspiré de Lukács (1895-1971), ou encore le juriste, davantage social-démocrate, Franz Neumann (1900-1954). Dans son projet général des années 1930, qui voit la montée en force des fascismes, l'Institut de recherche sociale s'emploie à favoriser la collaboration interdisciplinaire, et à mêler philosophie et sciences sociales dans une optique critique, qui se veut détachée tant du « marxisme orthodoxe », incarné par le léninisme, l'URSS et la Troisième Internationale, que du « marxisme révisionniste », c'est-à-dire social-démocrate, de Bernstein (1850-1932).
L'arrivée d'Hitler au pouvoir contraint l'Institut à fermer ses portes, et ses membres, dispersés, à l'exil.