Philipp Franz Balthasar von Siebold (prononcer Zibold), médecin et naturaliste bavarois, est né le à Wurtzbourg et mort le à Munich. De famille noble avec titre de baron, il est le frère ou le cousin de l'anatomiste et zoologiste Carl Theodor Ernst von Siebold (1804-1885). Reçu docteur en 1820, il entre au service de la Compagnie hollandaise des Indes orientales en 1822. Arrivé au Japon en 1823 avec la légation scientifique néerlandaise, sa rencontre avec ce pays devait sceller son destin et sa vocation. Durant la majeure partie de l'époque d'Edo (1639 à 1854), l'archipel nippon était fermé aux étrangers et seuls les Hollandais (オランダ : oranda) étaient autorisés à résider dans leur comptoir commercial de l'île artificielle de Dejima près de Nagasaki. Siebold dut donc se faire passer pour Hollandais afin de s'y installer, de 1823 à 1829. Son fort accent bavarois éveille quelques soupçons auprès des interprètes japonais, qu'il parvient à endormir en invoquant un mystérieux dialecte néerlandais. À la faveur d'un assouplissement de la politique de fermeture (dite sakoku), du shogunat Tokugawa, mais aussi des recommandations personnelles de savants japonais, il est autorisé à ouvrir à Dejima l'école Narutaki, qui réunit bientôt une élite composée d'une cinquantaine d'étudiants avant-gardistes de tous âges et venus de tout l'archipel, sélectionnés par le shogunat. Ce sont les fameux rangakusha (蘭学者, disciples des « études hollandaises », synonyme d'études occidentales), férus de sciences occidentales, dont beaucoup furent le fer de lance du mouvement progressiste, autour de Chōei Takano. Siebold y enseigne la médecine et l'histoire naturelle. Usant de ses protections, il acquiert sous un nom japonais, une maison de campagne dans les environs de Narutaki où il reçoit ses élèves et admirateurs, qui affluent pour mieux voir et entendre le grand « Meester » étranger. Comme il n'était pas censé recevoir d'honoraires de la part de ses patients, ces derniers le payaient en nature, le plus souvent en lui offrant toutes sortes d'objets et bibelots qui prirent ensuite une valeur historique, à la base de sa grande collection ethnographique.
Alfred Johny Wüest, Adrien Gaudard, Martin Schmid