L’iatrochimie (mot dérivé du grec ιατρός, iatrós, « médecin » et χημεία, chemeia, « chimie » pouvant se traduire par médico-fonderie) ou chimiatrie désigne l’école de pensée de Paracelse, célèbre médecin du . Doctrine empreinte d'hermétisme s'opposant dès ses débuts au galénisme, elle professe une pathologie fondée sur le désaccord entre le corps humain (microcosme) et son environnement (macrocosme). Elle est à l'origine de la pharmacopée chimique, et l'une des sources de la pharmacopée moderne. Au moment où, avec Paracelse, l'iatrochimie fait son apparition, la médecine galéniste est triomphante en Europe. Cette doctrine reprend à son compte la Théorie des humeurs d'Hippocrate, selon laquelle la physiologie humaine s'explique par les propriétés physiques des quatre éléments (air, terre, eau, feu) qui inspirent une statique des quatre « humeurs » du corps humain (fluides corporels) : la bile, le sang, le flegme (ou lymphe) et la « bile noire » (atrabile ou mélancolie). Les proportions variables de ces quatre humeurs dans le corps d'un individu orientent vers l'un des quatre tempéraments : les colériques, les sanguins, les flegmatiques (lymphatiques) et les atrabilaires (ou mélancoliques). Pour Hippocrate et Galien, la maladie résulte du déséquilibre entre tous ces éléments : ainsi, dans un corps sain, la bile, humeur sèche et chaude, combat l'excès de flegme, fluide humide et froid, etc. Autrement dit, la maladie vient d'un déséquilibre interne au corps du patient. Pour combattre ce déséquilibre, le médecin peut intervenir de différentes façons : soit en conseillant au malade de se tenir au chaud (pour combattre l'excès d'humeurs « froides »), soit en buvant régulièrement (pour combattre l'excès d'humeurs sèches), soit en extrayant plus ou moins brutalement les humeurs réputées excédentaires par saignée, vomissement, purgatifs, etc. vignette|droite|Les quatre humeurs (planche de la Quinta Essentia de Thurneysser). À ce point de vue holistique, Paracelse va opposer une analyse réductionniste.
Mathieu Salzmann, Yinlin Hu, Shuxuan Guo