Jean Charles Léonard Simonde de Sismondi, né à Genève le et mort à Genève le , est un historien, essayiste politique et économiste suisse. D’abord influencé par Adam Smith, il embrasse la cause libérale et fréquente les salons de Madame de Staël au sein du Groupe de Coppet. En 1801, il publie une « statistique du département du Léman » qui expose une situation préoccupante de l'économie genevoise. Attaché aux libertés, il critique vertement le projet de Constitution de la République de Genève soumis à la population en 1816, publie une brochure et fait signer « la pétition des 16 ». À la suite de pressions bourgeoises, il cesse ses critiques. Son adhésion au libéralisme économique de Ricardo et Smith prend fin en 1819 avec la publication des Nouveaux principes d'économie politique. Pour la première fois, un économiste évoque une nécessaire redistribution des richesses. Selon lui, loin d'assurer le bien-être de tous, le libéralisme économique accroît la misère des travailleurs parce que : la concurrence exerce une pression à la baisse sur les coûts de production et donc sur les salaires ; le rythme élevé du progrès technique fait que les anciens résistent en bradant les prix et donc les salaires. Il y a donc une contradiction : la mécanisation entraîne du chômage, en remplaçant l'homme par la machine, et permet une production de masse que les travailleurs ne peuvent acheter, ce qui entraîne une surproduction. Ses vues seront critiquées par des auteurs libéraux tant français (Jean-Baptiste Say) qu'anglo-saxons (John Ramsey McCulloch, Robert Torrens et David Ricardo) dans ce qui reste l'une de plus célèbres controverses économiques et l'une des remises en cause les plus virulentes de la loi des débouchés de Say. Ces "Nouveaux principes" font l'objet d'une seconde édition en 1827, où Sismondi réitère ses critiques envers le libéralisme notamment au regard des crises de surproduction ayant durement affecté l'Angleterre.
Jean-Denys Vesco, Youcef Mezzour