vignette|Page de titre du Livre de Concorde, Dresde 1580. La Formule de Concorde ou Formula concordiae, rédigée en 1577 au couvent de Bergen, près de Magdebourg, est la charte du luthéranisme orthodoxe. Après la mort de Martin Luther et la promulgation de Charles Quint de l'Intérim, le luthéranisme était profondément divisé par des querelles internes. Pour l'essentiel, deux camps s'opposaient : les « philippistes », qui partageaient les conceptions de Philippe Mélanchthon, assez proches du calvinisme, et les « gnésio-luthériens » qui pratiquaient un luthéranisme strict et intransigeant envers les autres confessions, y compris envers les calvinistes. Pour tenter de surmonter ces divisions, un certain nombre de théologiens et d'autorités politiques (comme les princes de Wurtemberg, de Basse-Saxe ou de Saxe électorale) firent des efforts de rapprochement. Cependant, ni la diète des princes de Francfort (1558), ni celle Naumburg (1561) n'aboutirent à un accord, malgré l'instauration de la paix d'Augsbourg (1555) et l'apparition de corpus doctrinaux fixes, comme la Confession d'Augsbourg, dans certains territoires. Pour réussir à rétablir l'unité du luthéranisme sur un plan plus large, on s'orienta vers l'élaboration d'une formule d'accord théologique susceptible d'être reconnue par toutes les Églises territoriales. Jacques Andreae fit un premier essai de concorde en 1567, mais qui se solda par un échec cuisant. Il renonça à réconcilier les luthériens stricts et les philippistes et préféra se tourner vers les seuls luthériens modérés. Il publia six Sermons chrétiens, qui furent ensuite repris par David Chyträus et Martin Chemnitz pour en faire la Concorde de Souabe (1574). La réussite de cette concorde, ainsi que la chute des philippistes crypto-calvinistes de Saxe et le rapprochement suscité par l'électeur Auguste de Saxe, de l'électeur de Brandebourg et de divers princes, donnèrent de l'espoir aux théologiens. Andreae, Chyträus et Chemnitz, aidés de Selnecker, Musculus et Cornerus, élaborèrent en 1576 le Livre de Torgau à partir de la Concorde souabe et saxonne et de la Formule de Maulbronn.