vignette|L'effet Matilda : attribution des découvertes scientifiques à un collègue masculin. L’effet Matilda est le déni, la spoliation ou la minimisation récurrente et systémique de la contribution des femmes à la recherche scientifique, dont le travail est souvent attribué à leurs collègues masculins. Margaret W. Rossiter, historienne des sciences, étudie l'effet Matthieu, théorie développée par le sociologue américain Robert Merton. Dans les , celui-ci avait remarqué que certains personnages sont reconnus au détriment de leurs collaborateurs, qui sont souvent à l’origine de cette renommée. En 1993, Margaret W. Rossiter observe que ce phénomène est décuplé lorsqu'il s'agit de femmes scientifiques. Elle nomme cette théorie l'« effet Matilda » en référence à la militante féministe américaine du Matilda Joslyn Gage. Celle-ci avait remarqué que des hommes s'attribuaient les pensées intellectuelles des femmes. Les contributions des femmes sont souvent réduites à des remerciements en bas de pages. Mais, ce phénomène de minimisation ne se limite pas à l'appropriation de travaux de chercheuses par des hommes. Il se retrouve en cas de découvertes simultanées, où le seul nom retenu est bien souvent celui du découvreur masculin. Il commence bien en amont, avec l'omission de femmes scientifiques dans les annuaires ou compilations de biographies de scientifiques dont bien souvent les titres excluaient de plus les femmes : Rossiter constate qu'aux États-Unis, pour des ouvrages majeurs, on n'y parle pas de « scientifiques », mais d’« hommes de sciences ». En sciences sociales, dans les et 1960, plusieurs études influentes sur cette population excluent les femmes de leurs échantillons pour obtenir des profils plus homogènes, ou plus tard les intègrent dans les données d'analyse, mais sans les citer dans le corpus des travaux, contrairement à leurs homologues masculins. Lorsque la participation de femmes est reconnue dans des travaux scientifiques, les médias renforcent le processus en citant de préférence les seuls noms masculins.