Le sommeil de l'âme ou vision béatifique différée, ou encore mortalisme chrétien, est une notion de la théologie chrétienne selon laquelle l'âme n'est pas d'essence immortelle : l'âme est mortelle ; aussi, au moment de la mort, soit elle périt comme le corps et avec lui (thnétopsychisme) même si Dieu la ressuscite au Jugement dernier, soit elle entre dans une sorte de sommeil entre le moment de la mort et le moment de la résurrection (psychopannychisme).
Eusèbe de Césarée : "D'autres gens encore, en Arabie, surviennent à l'époque dont nous parlons [c'est-à-dire le milieu du ], introducteurs d'une doctrine étrangère à la vérité. Ils disaient que l'âme humaine, provisoirement dans la conjoncture présente, meurt avec les corps, au moment du trépas, et qu'elle est corrompue avec eux, mais qu'un jour, au temps de la résurrection, elle revivra avec eux" (Histoire ecclésiastique, VI, 37, trad. G. Bardy, 1955). C'est une allusion à certains auteurs syriaques, comme Aphraate le Sage persan (), Éphrem le Syrien (306-373), qui soutiennent la dormition de l'âme (hypnopsychisme) après la mort.
Divers auteurs défendent le mortalisme, dont le théologien et réformateur anglais John Wycliffe (1320-1384), Martin Luther (1483-1546), l'anabaptiste Michael Sattler (1490-1527), le protestant anglais William Tyndale (1494-1536), le théologien et médecin Michel Servet (1509 ?-1553), le poète John Milton (1588-1670), les philosophes Thomas Hobbes (1605-1682) et John Locke (1643-1727), Isaac Newton (1676-1748).
Ce qui était option individuelle devient croyance à l'intérieur d'églises. Le mortalisme est généralement soutenu par les Millerites de William Miller (1831), l'Église adventiste du septième jour (1860), les Christadelphes de John Thomas (1860), les Témoins de Jéhovah de Charles Taze Russell (1879), etc.
Les défenseurs du sommeil de l'âme avancent des arguments de divers ordres, dont les principaux sont scripturaires : la Bible ne défendrait pas l'idée grecque d'immortalité de l'âme.