Le concept écologique de dette d’extinction prédit les extinctions futures d'espèces en raison d'événements passés. Dans le domaine de la biologie de la conservation, deux notions opposées de dette d’extinction et de crédit de colonisation ont été proposées par D. Tilmann dans les années 1990 pour décrire ces deux situations discrètes et potentiellement fréquentes, où un observateur peut avoir une impression tout à fait fausse de bon état écologique dans le premier cas ou au contraire, d'une situation irrémédiablement dégradée alors que ce n'est peut-être pas le cas. Ces biais résultent d'une mauvaise prise en compte de la temporalité écologique ou de l'absence de prise en compte de facteurs tendanciels influant sur cette temporalité. Ces facteurs peuvent être intrinsèques au milieu considéré ou d'origine externe (forcage climatique lié aux modifications climatiques par exemple ou à des facteurs comme la surexploitation de ressources naturelles). thumb|Exemple de fragmentation écopaysagère : le réseau autoroutier allemand fragmentation des habitats, pollutions, perturbations des réseaux écologiques, modifications climatiques rapides. Cette situation - si elle n'est pas comprise et si elle n'est pas corrigée par l'observateur du milieu naturel ou semi-naturel considéré - peut : fausser l'|évaluation environnementale de l'état du milieu ou d'une espèce ou de groupes d'espèces de ce milieu ; fausser les évaluations d'écopotentialité ; fausser certaines études prospectives ; induire de graves biais d'interprétation, susceptibles de pousser un propriétaire ou un gestionnaire de bonne foi à des erreurs de gestion d'entretien ou de gestion restauratoire pouvant être fatales pour des espèces menacées ou des habitats menacés. Cette situation peut être aggravée par une situation de piège écologique. L'erreur vient du fait que l'on oublie de tenir compte - dans ce cas - que certaines espèces répondent avec une forte inertie (dans l'espace et/ou dans le temps) à certaines modifications environnementales, alors même que dans le même écosystème d'autres espèces peuvent y répondre très vite.
Séverine Vuilleumier Varisco, Nicolas Perrin