La sécularisation (étymologiquement « rendre au siècle, au monde », de séculier, du mot latin seculum, « siècle ») consiste à faire passer des biens d’Église dans le domaine public, ou encore, à soustraire à l’influence des institutions religieuses des fonctions ou des biens qui lui appartenaient.
Le terme entre dans le langage courant à l'occasion du traité de Westphalie (1648), quand des biens et des territoires appartenant à l'Église catholique passent aux mains de propriétaires civils. Il désigne également, dans le droit canon, le retour de membres du clergé au statut de laïcs.
À partir du , sa signification porte sur l'autonomie des structures politiques et sociales par rapport aux religions. C'est en ce sens qu'il est caractéristique de la modernité selon Jürgen Habermas et qu'il a été étudié par des sociologues tels que Durkheim, Troeltsch ou Max Weber. Ce dernier inscrit la sécularisation dans le phénomène plus large de désenchantement du monde et de rationalisation. Si la sécularisation concerne la société dans son ensemble, il ne faut pas la confondre avec la laïcisation qui, elle, ne touche que les institutions.
John Sommerville (1998) a relevé six utilisations du terme sécularisation dans la littérature scientifique. Les cinq premières sont proches de définitions alors que la sixième est plutôt une clarification d'usage :
en parlant de « structures macro sociales », la sécularisation peut se référer à une différenciation : un processus dans lequel les divers aspects sociaux, économiques, politiques, législatifs, et moraux, deviennent de plus en plus spécialisés et distincts les uns des autres ;
lorsque l'on parle d'« institutions individuelles », la sécularisation peut dénoter la transformation d'une religion en une institution séculière. On peut prendre en exemple l'évolution d'institutions telles que l'Université Harvard qui est passée d'une institution à dominance religieuse à une institution séculière ;
en parlant d'« activités », la sécularisation se réfère au transfert d'activités religieuses en institutions séculières, par exemple des services sociaux donnés non plus par un groupe religieux mais par le gouvernement ;
lorsqu'on parle de « mentalités », la sécularisation se réfère au passage de préoccupations ultimes en des préoccupations de proximité.