L'expression Chaîne opératoire désigne un concept employé en archéologie et en anthropologie sociale et culturelle qui permet d'analyser étape par étape le processus de réalisation et d'utilisation d'un objet. Il est surtout employé dans les recherches sur la Préhistoire, notamment dans l'analyse des outils en roche taillée ou encore des poteries, mais son utilisation dans d'autres domaines et sur d'autres périodes connaît actuellement un fort développement. Au début du , Marcel Mauss avait observé que les sociétés pouvaient être étudiées à travers leurs techniques car la façon dont elles sont mises en œuvre et organisées est propre à chacune d'entre elles. C'est un de ses élèves, André Leroi-Gourhan, qui a été le premier à employer le concept de chaîne opératoire. Il est mentionné dans son ouvrage Le geste et la parole, volume 2 : la mémoire et les rythmes. Paradoxalement, ce chercheur n'a pas utilisé cette expression dans ses travaux ultérieurs. Elle a été reprise par la suite par un autre élève de Marcel Mauss, André-Georges Haudricourt et a surtout été utilisée à partir de la fin des années 1970 et des années 1980. André Leroi-Gourhan s'est probablement inspiré de deux sources distinctes pour définir ce concept. En premier lieu, il a été influencé par les écrits, la thèse notamment, de Gilbert Simondon dans laquelle est défini le concept de schème opératoire. Il a également été influencé par l'œuvre de Marcel Maget, conservateur adjoint au musée des Arts et Traditions populaires, notamment par un livre publié en 1953 Ethnologie métropolitaine : guide d'étude directe des comportements culturels dans lequel sont mentionnés les termes chaîne de fabrication et opération. À travers le concept des chaînes opératoires, il est possible de reconstituer l'ordre et les paramètres impliqués dans chacune des étapes de réalisation d'un objet. Pour y parvenir, il est nécessaire d'examiner les stigmates caractéristiques laissées à chaque étape sur l'objet fini et étudier les déchets liés à sa réalisation.