L'encratisme, du ἐγκρατής, enkratḗs, signifiant « continent », désigne un courant radical du christianisme ancien s'inscrivant dans une tendance ascétique extrême qui traversait alors le christianisme et qui joua un rôle important dans son édification. Ce courant prospère essentiellement à partir du autour de figures comme Tatien le Syrien, particulièrement en Phrygie et en Pisidie. Souvent rapproché du gnosticisme et du marcionisme chrétiens mais répandu un peu partout au sein du christianisme ancien, rejetant les biens créés par Dieu pour les hommes, le mariage voire la procréation, l'encratisme paraît suspect aux yeux de l'orthodoxie de la Grande Église. S'il se trouve proscrit au par Théodose I, il est néanmoins partiellement récupéré dans les milieux ascétiques et monastiques. L'encratisme s'inscrit dans les tendances ascétiques préexistantes au christianisme, tant en Palestine qu'en Égypte ou ailleurs dans le monde gréco-romain, ainsi qu'on les retrouve chez les esséniens, les thérapeutes ou encore certains philosophes cyniques ou platoniciens tardifs, qui méprisent et condamnent la sexualité, font l'éloge de la continence et de l'ascèse et, entre autres pratiques, refusent la nourriture carnée et s'opposent au mariage. Ces tendances ascétiques se répandent dès les débuts du mouvement chrétien dans la mesure où ce dernier professe une approche positive de la virginité et valorise la chasteté eschatologique auxquelles l'encratisme, dont le nom est à rattacher à l'enkrateia — la maîtrise de soi — accorde une importance fondamentale. Comme pour nombre de courants chrétiens des premiers siècles, on ne connaît les encratites que par leurs détracteurs, les apologètes et hérésiologues chrétiens de l'orthodoxie qui s'est progressivement forgée au contact des multiples christologies de l'époque.