Le syndrome d'excès d'aromatase (AES d’après la forme anglaise Aromatase excess syndrome), qu’on appelle aussi quelquefois hyperœstrogénie familiale ou gynécomastie familiale est un syndrome génétique et endocrinien rare. Il se caractérise par une surexpression de l'aromatase, l'enzyme responsable de la biosynthèse des œstrogènes, hormones sexuelles qui se forment à partir des androgènes ; il entraîne à son tour des niveaux excessifs d’œstrogènes dans la circulation et, par conséquent, des symptômes d’hypeœstrogénie. Ce syndrome affecte les deux sexes : chez les sujets masculins, il se manifeste par une féminisation phénotypique accentuée ou complète (à l'exception des organes génitaux, c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas de pseudohermaphrodisme) et il aboutit à une forme d'intersexuation ; et chez les filles, il en résulte une hyperféminisation. À l’heure actuelle, a été décrit de façon détaillée 10 familles avec AES ; 23 hommes et au moins 6 femmes y ont été caractérisés comme présentant des symptômes de cette maladie. La cause principale de l'AES n’est pas tout à fait claire, mais on a établi l’implication dans son étiologie de mutations génétiques héréditaires, autosomiques et dominantes affectant le gène CYP19A1 qui encode l'aromatase. Parmi les anomalies physiologiques de la maladie que l’on a observées on trouve une surexpression spectaculaire de l'aromatase entrainant des niveaux excessifs d’œstrogènes, estradiol et estrone compris, ainsi qu’un taux très élevé de conversion périphérique des androgènes en œstrogènes. Une étude a constaté une expression de l'ARNm de l'aromatase cellulaire au moins 10 fois plus élevée chez une patiente par rapport à la norme, et le rapport estradiol/testostérone après une injection de testostérone chez un patient masculin se trouvait 100 fois supérieur aux valeurs de contrôle.
Carlos Canto Alvarez, Joanna Ratajczak, Pablo Jose Fernandez Marcos