En linguistique, le terme synérèse (< latin synaeresis, < grec ancien συναίρεσις synaíresis « contraction »), pris à la rhétorique, est une modification phonétique qui consiste dans la fusion de deux voyelles contigües en syllabes voisines, qui forment ainsi une diphtongue. La synérèse s’oppose au phénomène appelé diérèse, c’est-à-dire la prononciation des voyelles dans la même position avec un hiatus entre elles ou l’hiatus étant éliminé par l’introduction d’une semi-consonne ou d’un coup de glotte. En fonction de la langue considérée, la synérèse peut se manifester à l’intérieur des mots ou également à la limite entre mots. La synérèse et la diérèse dans la même séquence de la chaîne parlée (mot ou succession de mots) peuvent coexister dans une même langue. Elles peuvent être des phénomènes standard ou non standard, dans ce dernier cas étant dialectales ou individuelles. En français il y a synérèse seulement à l’intérieur des mots, par formation de diphtongues ascendantes, par changement des voyelles [i], [y] et [u] en les semi-voyelles [j], [ɥ] et [w], respectivement. La distribution de la synérèse et de la diérèse dans le cas des mêmes mots est régionale. À Paris et dans l’ouest de la France il y a d’ordinaire synérèse. Par exemple, les mots lion, buée et louer se prononcent [ljɔ̃], [bɥe] et [lwe], respectivement. Par contre, dans le nord, l’est et le Midi de la France, ainsi qu’en Belgique, de tels mots sont en général prononcés avec diérèse : [li.ɔ̃], [by.e], [lu.e]. Le standard recommande en général la synérèse, sauf dans certaines situations où les voyelles sont précédées d’une consonne + r ou l, ex. trouer [tʁuˈe], fluet [flyˈɛ], oublier [ubliˈe]. La diérèse peut aussi être individuelle, même dans des régions où c’est la synérèse qui prédomine. L’histoire de l’italien présente une tendance à la synérèse, dans des mots comme continuo [konˈtinwo] « continu », patria [ˈpatrja] « patrie », empio [ˈempjo] « impie ». Elle peut aussi être réalisée avec la diphtongue descendante [aw], ex. Laura [ˈlawra].